menu +

Blog


Alors qu’il vient à peine d’écouler les 500 exemplaires de son 4e tome de l’histoire de l’acériculture et des sucriers de Bellechasse lancé en 2022, un 5e tome est en préparation de même que la création d’un musée acéricole sur ses terres à Saint-Damien-de-Buckland, dans Bellechasse. Dire que RÉJEAN BILODEAU est un travailleur acharné qui ne ménage aucun effort pour faire reconnaître le travail de ces artisans de l’érable est un euphémisme. Histoire d’un projet de retraite qui relève de la quête identitaire.

Par Nathalie St-Pierre

Ce projet d’envergure prend naissance alors que Réjean Bilodeau avait environ 10 ans. Le petit garçon curieux avait demandé à son père pourquoi la région de Bellechasse portait ce nom. Son paternel n’avait aucune explication à lui fournir.

Les années passent, Réjean fait carrière dans les assurances, mais la question continue de le tarauder. « Encore aujourd’hui, en 2022, aucun historien ne peut prouver officiellement la raison derrière le nom de Bellechasse », souligne l’auteur et recherchiste en acériculture.

En 2003, il publie un premier livre sur l’histoire du rang de la Pointe-Lévis, où il est né et habite encore. Pour ce faire, il multiplie les rencontres avec des résidents du coin, dont CLÉMENT MÉTIVIER, un producteur acéricole. En 2012, Réjean prend sa retraite et se cherche un projet. C’est alors que ce monsieur Métivier lui suggère d’écrire sur le sirop d’érable. « J’ai dit oui et j’ai commencé mes recherches. Six mois plus tard, je m’arrachais les cheveux en voyant tout l’ouvrage que ça représentait. Je voulais que ça reste un plaisir », se souvient Réjean.

Les conseils d’un grand historien

Derrière cette ardeur devant l’ampleur de la tâche, il y a encore et toujours la question sans réponse du petit Réjean de 10 ans : pourquoi Bellechasse? Toutes ses recherches, il souhaite qu’elles contribuent à offrir une identité à Bellechasse. La vie veut que Réjean croise la route de l’historien de l’art MICHEL LESSARD, une sommité en ce qui concerne les objets antiques du Québec. Ce dernier a prodigué un conseil à Réjean : trouver un produit qui définit Bellechasse.

« Des villages de Bellechasse ont cherché des moyens de s’identifier, raconte Réjean. Le plastique à Saint-Damien, les autobus Prévost à Sainte-Claire… mais rien pour Bellechasse. J’ai donc enquêté, questionné des vieux, fait des recherches. En 2016, j’ai réussi à faire reconnaître Bellechasse, berceau mondial de la technologie acéricole. »

Diffuser l’identité bellechassoise

La thématique du 4e tome de l’histoire acéricole écrite par Réjean Bilodeau aborde la diffusion locale et mondiale de l’identité bellechassoise. Sur la couverture, une photo du Château Chambord, en France. « C’est la technologie bellechassoise qui est utilisée là-bas pour récolter l’eau de bouleau pour son usage médicinal et cosmétique. CDL exporte notre identité. En Alsace, il y a un grand panneau d’information près d’une forêt de bouleaux pour expliquer l’acériculture dans Bellechasse », relate Réjean.

Faire rayonner cette identité, c’est aussi la création d’un musée. L’idée est venue après une exposition de certains des éléments de sa collection à la Maison de la culture de Bellechasse. Des démarches ont été entreprises avec certaines municipalités, mais n’ont pas encore abouti. « J’ai décidé de le faire ici. J’ai le lieu, j’ai la passion et j’ai les connaissances », explique ce membre du Groupement forestier Bellechasse-Lévis dont le terrain comprend entre autres une érablière de 500 entailles. Il utilisera deux bâtiments existants en plus d’en construire un nouveau. Y prendront place de nombreux artefacts accumulés au fil des ans dont des chalumeaux, des moules à sucre d’érable, des chaudrons tripodes et plus encore ainsi que des scènes de temps des sucres sculptées par les artisans bellechassois Jacques Vermette et Claude Roy. Le musée comptera 800 pieds carrés, dont plus de 100 pieds linéaires d’accrochage.

« Mon intention n’est pas de faire de l’argent, mais de diffuser l’identité bellechassoise. Pour grandir, il faut agir. Ce projet, ça me permet de donner du sens, de laisser quelque chose », confie Réjean.

Si tout se passe bien et que sa santé le lui permet (Réjean a combattu un cancer il y a quelques années et sa santé demeure précaire), le musée ouvrira ses portes à l’été 2023. D’ici là, une exposition permanente mettant en valeur l’acériculture peut être vue au Pavillon Desjardins du Massif du sud où près de 80 000 personnes circulent chaque année.

Les quatre tomes de l’histoire de l’acériculture ne sont plus disponibles à la vente, mais peuvent être consultés dans certaines bibliothèques. Quant au tome 5, il est en cours de rédaction, mais aucune date de publication n’est déterminée à ce moment. « Ma passion ne diminue pas. Ma conjointe Nicole me supporte et m’aide beaucoup dans ces projets. Je ne suis pas du genre à attendre que les choses se fassent, je travaille. C’est ma façon de réussir », conclut Réjean.

HAUT